Les derniers scénarios réalisés par les économistes de l’Union européenne projettent une croissance du PIB de +1,5% en Europe contre +0,9% en 2024. Des chiffres qui ne font pas rêver et qui annoncent une nouvelle année bien terne. Pour la France, le scénario de l’UE n‘est pas plus enviable avec une prévision de seulement +0,8% contre +1,1% en 2024. La Banque de France a quant à elle dégradé sa projection 2025 de 0,3 points, à +0,9%.
L’instabilité politique actuelle, les risques internationaux (conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, possible guerre commerciale avec le nouveau gouvernement Trump, mais aussi avec la Chine sur fonds de ralentissement économique dans ces deux pays) et les retards dans les plans d’investissements impacteront la confiance des investisseurs et continueront de freiner le développement économique.
Source : Union européenne
Pour 2026 et 2027, la Banque de France vient d’abaisser ses perspectives à +1,3% et +1,3%. Pour compléter ce paysage économique, ajoutons que le nombre de défaillances d’entreprises est actuellement à son plus haut niveau depuis 2015 en France et que de nombreux sites industriels sont menacés de fermeture (dont deux sites de Michelin et trois de Valeo). Ces fermetures et défaillances devraient entraîner une hausse du chômage, pouvant aller jusqu’à 8% de la population active en 2025. Enfin, pour clore le volet économique et apporter une touche positive, l’inflation devrait continuer de ralentir et se stabiliser à 1,6% cette année, toujours d’après la Banque de France, ce qui permettra une reprise graduelle des investissements.
Quel impact sur le développement du numérique ?
Le développement du secteur du numérique en France a toujours été intimement lié à l’évolution de l’économie globale. Procyclique, il amplifie à la hausse comme à la baisse les mouvements macro-économiques. Un phénomène en partie dû à la forte représentation des ESN et sociétés de conseil dans le paysage numérique français ainsi qu’aux investissements importants que requiert le numérique pour pouvoir transformer les activités des entreprises. Or, en cette période pleine d’incertitudes, la confiance est en berne chez les décideurs et les budgets alloués au numérique fondent. Ce mouvement baissier est encore plus marqué sur les activités de conseil, signe d’un coup de frein à l’investissement.
Exaegis Markess a ainsi observé un ralentissement du marché des logiciels et services numériques en France sur le second semestre 2024, portant la croissance de l’année écoulée à +4,6%. Ce sont principalement les activités de conseil et de services numériques traditionnels qui ont souffert et qui devraient encore souffrir. Pour 2025, la prévision de croissance d’Exaegis Markess est plus positive, à +6.1%, soutenue en grande partie par le solide développement du SaaS, des services cloud et de la cybersécurité. Cela portera le marché français à près de 70 milliards d’euros de revenu total.
Le secteur du numérique devrait donc reprendre sa croissance, mais en se transformant avec toujours plus d’innovation et d’industrialisation des services et solutions vendus. Malgré les incertitudes, les entreprises comprennent qu’elles doivent continuer à investir dans les solutions numériques innovantes pour développer leur compétitivité future.
Des transformations marquantes en 2025
Les entreprises, le secteur public et la santé vont continuer à avancer vers de nouvelles infrastructures digitales à forte valeur ajoutée, qui permettront de gérer la complexité croissante des processus métiers et des flux de données. Elles vont poursuivre leur transformation numérique, en alliant toujours plus innovation, performance et durabilité. Les principales transformations qui marqueront 2025 devraient concerner :
- Les investissements dans l’IA et l’IA générative vont commencer à produire des gains de productivité significatifs. Les secteurs de la finance, du développement informatique, de la santé ou encore des centres d’appels seront fortement impactés.
- Les offres de cloud de confiance deviennent matures et, au-delà des obligations, les organisations prennent conscience de la nécessité de faire appel à des solutions cloud souveraines. Ce marché du cloud de confiance sera en fort développement cette année.
- Les infrastructures dédiées à l’IA (serveurs et datacenters) vont continuer à bénéficier des investissements massifs pour ces technologies, parfois en contradiction avec les enjeux de durabilité.
- Le numérique va continuer à s’insinuer dans nos objets du quotidien et l’IoT va prendre son essor. Par exemple, au-delà de la voiture électrique déjà très digitale, des robots taxis devraient arriver dans les villes et engendrer une forte demande pour des solutions cloud verticalisées, sécurisées et de proximité.
- La durabilité. Alors que des grandes économies mondiales s’écartent des obligations environnementales et sociétales pour maintenir des niveaux de croissance contradictoires avec les enjeux climatiques, le numérique éco-responsable doit devenir un enjeu en France. Le dernier rapport de l’ADEME, qui présente un doublement de l’empreinte carbone du numérique en France entre 2020 et 2022, c’est-à-dire avant même l’arrivée de l’IA, oblige à une prise de conscience et à des mesures pour contenir cette envolée.
Avec ses 70 milliards d’euros de revenus, sa croissance résiliente, son impact croissant sur l’emploi et la transformation des organisations, le secteur du numérique est aujourd’hui stratégique pour la France et l’Europe. Il doit bénéficier de mesures pour sécuriser son développement sur le territoire (formations, aides à l’investissement dans l’innovation, etc.) pour faire naître les champions de demain.
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